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CARNET DE VOYAGE #1

Les 3 premiers jours

d'une longue aventure

28 janvier 2015 :

« Journée la plus dure de ma vie... 25 kms (qui en sont en fait 28 !) Entre Ship Cove et Campbay avec 15 kgs sur le dos (qui en sont en fait 30 !) J'ai longtemps décidé, par fatigue, que je rentrerai à Picton. Après 8 heures de marche je n'avançais plus, j'ai même pleuré d'épuisement. Ce soir ça va mieux, le contact avec les gens fait du bien. Demain je pars '' pour seulement '' 10 kms... J'attends avec impatience les courbatures. La rupture était proche. »

Ces quelques mots griffonnés dans mon carnet de voyage marquent le début laborieux mais nécessaire de mon aventure Te Araroa. Cette première journée a été une terrible épreuve à laquelle je ne m'attendais pas vraiment. C’est ce jour-là que j'ai compris que la marche est un vrai sport, que j'allais souffrir et que je n'avais aucune condition physique. 

 

Malgré la souffrance du moment, et avec (beaucoup) de recul, je garde un bon souvenir de cette journée. Il est vrai que plus le temps passe, plus on oublie les difficultés et les souffrances endurées. J’ai réussi (difficilement) cette première journée, et cela sonnait déjà comme une victoire pour moi. Je tirai et j’en tire toujours aujourd’hui beaucoup de fierté personnelle quand je pense à ces 8 premières heures passées sur le Trail. J'ai réussi à aller jusqu’au bout de moi-même, sans grande condition physique. J’ai fait preuve de mental et c’est ce que je retiens le plus. Je recherchais le challenge avec ce trail et j'étais définitivement servi, bien plus que je n’avais pu l’imaginer avant de partir.

29 janvier 2015 :

« Le moral est de retour. Après 1 km j’ai recroisé Erik. Nous avons décidé de faire le chemin ensemble. C’est bien plus motivant à deux… En 3h10 Nous étions à Bay of Many Cove. 3 heures éprouvantes mais quel plaisir d’arriver ici ! Magnifique vue. J’ai perdu mes pastilles purificatrices d’eau. Cela m’inquiète un peu. Je dois tenir 2 jours sans. 14 kms m’attendent demain et une vingtaine le lendemain, chose que je redoute très fortement. »

Le 2ème jour a été bien plus facile à manœuvrer malgré quelques courbatures. Cela s’explique par le fait que je partais pour seulement 14 kms soit la totalité de ce que j'avais marché la veille. J’ai également rencontré un Allemand prénommé Erik sur le Trail avec qui j'allais marcher les deux jours suivants jusqu’à Anakiwa, ville marquant la fin du Queen Charlotte Track. Marcher avec lui a été très important pour moi. Ayant toujours voulu faire bonne impression face aux autres, notamment en sport, je ne voulais en aucun cas paraître faible aux yeux d'Erik.

Il est d'ailleurs plus supportable de ''souffrir'' à deux que seul. Cela m'a donc poussé à redoubler d'effort et ainsi à continuer ma marche. En y repensant, lorsque l’on se retrouve seul face à l’adversité, il est vraiment difficile de ne pas craquer et de tout laisser tomber. Si j’avais eu le choix lors de mon premier jour de marche, je pense que j’aurai arrêté ce que j’avais entrepris. N’ayant pas le choix, j’ai été obligé de continuer. Au contraire, lorsque l’on est à deux ou en groupe, il est plus facile de se motiver les uns les autres et de surmonter les différents obstacles.

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30 janvier 2015 :

« Finalement nous étions en forme avec Erik ! 22 kms aujourd’hui, plus que 14 et le Queen Charlotte Track sera derrière moi. Pour l’instant je vis une incroyable aventure. Paysages incroyables, de très belles rencontres. Ma seule crainte se situe au niveau mental. Le premier jour était vraiment dur. Il faut que je tienne. »

 

C’est donc ce 30 janvier que je commence à prendre un certain rythme. Cette troisième journée s’annonçait difficile et contre toute attente, a été un réel plaisir. Je commence à profiter. La vue, les paysages y sont magnifiques. Je ne me doute pas un seul instant que, comparé aux futurs endroits à venir, celui du Queen Charlotte Track n’est « pas terrible ».

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Nous dormons le soir dans un camping de "luxe". 16 dollars la nuit. Nous pouvons prendre une douche. Celle ci, malgré le fait que je n’ai pas réussi à faire marcher l’eau chaude, fut d’une bonté sans nom. Prendre une douche après plusieurs jours de marche, plusieurs jours de transpiration est vraiment une sensation que je souhaite à tout le monde : Cela fait un bien fou !

Je passe donc ensuite la soirée avec Erik au bord de la mer, sur un ponton à discuter de tout et de rien.

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En relisant mes notes, je me rends compte que mon envie d’aller plus loin que ce Queen Charlotte Track n’est pas perdue. Le fait que je termine ma note du jour par «  Il faut que je tienne » me fait plaisir quand je la relis car j’avais réellement le courage et le mental pour continuer mon aventure Te Araroa.

Guillaume Labergerie

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