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PALESTINE: LE SENTIER D'ABRAHAM

Un seul mot me vient à l'esprit lorsque je pense à ce voyage : bouleversant.

Bouleversant par ses paysages variés, bouleversant par la gentillesse et l'accueil des Palestiniens, bouleversant par son histoire et sa situation géopolitique.

​

C'est une parenthèse hors du temps proposée par l'agence Point-Voyages, une escapade dans notre vie permettant de mieux comprendre et cerner le conflit israélo-palestinien. Mais c’est aussi la découverte d’un peuple, quelque fois fatigué et résigné par la situation, mais d’un accueil certain.

 

Outre le tourisme religieux qui existe depuis très longtemps, attirant plus de 2 millions de personnes à Bethléem chaque année, le voyage d'aventure fait son apparition en 2016. Kévin Girard, dirigeant de Point-Voyages, prit le pari de proposer cette destination et d'y proposer une aventure très complète mêlant trekking, histoire, culture et géopolitique.

Cette destination fut possible grâce au travail colossal de l’AFRAT, organisme basé à Autrans, et TETRAKTYS, basé à Grenoble. Ce sont deux ONG proposant une aide au développement touristique et économique en France et à l’internationale. Grâce à ces trois entités, le sentier d’Abraham est né.

 

 

Le sentier d’Abraham, qu’est-ce que c’est ?

 

Grand gagnant de la première édition des treks de l’année organisée par Trek magazine en 2018, le sentier d’Abraham est un chemin de randonnée parcourant toute la Palestine du nord au sud et dévoilant ses plus grandes richesses.

Entre champs d'oliviers, collines hautes de 900 m d’altitude, paysages désertiques, monastères perdus en plein milieu de canyon, et vues sur les montagnes jordaniennes et de la mer morte ; la Palestine nous offre une magnifique diversité.

Son histoire très ancienne, ses villes millénaires et sa place centrale dans le monde, notamment religieuses, rajoutent à ce voyage une dimension supplémentaire du simple trekking.

 

C’est dans cette diversité que nous allons randonner une partie du sentier sur le nord du pays. Au départ de Sanur, notre première étape ralliant Sebastia est l’une des plus dures du sentier. En effet, deux monts sont à gravir sur une distance de 15,5 km et environ 700 mètres de dénivelé : Les monts Bayzeed et Hureish.

Les paysages sont méditerranéens, nous serpentons le sentier à travers les très nombreux oliviers. Nous y croisons un troupeau de chèvres avec trois bergers et leurs ânes. Nous nous arrêtons pour les saluer et après avoir fait rapidement connaissance, un des bergers nous surprend par un concert de flûte privée sur la montée du mont Bayzeed ; Un moment magique.

Les deux points culminants de cette journée sont en réalité deux lieux Saint en ruine où certains pèlerins viennent pour s’y recueillir et prier.

En fin de journée et agrémenté d’un très beau coucher de soleil, nous entrons dans le village historique de Sebastia. Nous sommes très bien reçu dans la Al-Kayed Palace guesthouse avec un excellent diner palestinien.

Ce palace Ottoman a été construit au XIXe siècle et surplombe les Milliers d’année d’histoire de Sebastia. En effet, ce village Palestinien possède de nombreux lieux très anciens et historiques.

Au centre de la ville, la mosquée Nabi Yehia, est assez bien conservée. C’est une ancienne cathédrale dédiée à Sait Jean Baptise construite par les croisées en 1165. On y retrouve un musée avec notamment des objets datant de l’époque byzantine et des croisées.

 

Après avoir visité cette mosquée le lendemain matin, nous explorons les ruines du temple d’Hérode, d’un stade romain, d’un théâtre et d’un marché où des restes de hautes colonnes sont encore conservés. Après s’être plongé dans une très ancienne époque, nous reprenons la route du sentier en direction de la célèbre ville de Naplouse. Pour ce deuxième jour, nous traversons plusieurs collines en croisant, là encore, quelques bergers accompagnés de leurs moutons et chèvres. Nous approchons alors près d’une ruine en haut d’une colline. Il s’agit du Sanctuaire Cheikh Sho’leh. Après avoir monté un petit escalier, nous admirons la vue sur les villages et collines alentours.

L’étape du jour se termine en fin d’après-midi à Naplouse. Le temps de déposer nos sacs dans notre hôtel du soir, nous repartons ensuite pour découvrir cette ville. AU programme du soir :  balade dans les petites ruelles du souk, dégustation du fameux knafeh Palestinien et visite d’une fabrique de savon. Cette ville millénaire est chargée d’histoire. Fondé en l’an 72 par les romains, elle est notamment une ville importante du royaume de Jérusalem lors de l’époque des Croisés. Elle passe aussi de mains en main entre les byzantins, les arabes, les ottomans, les britanniques et les Jordaniens. Ces presque 2 000 ans d’histoire, nous les retrouvons dans l’architecture des bâtiments de la vieille ville.

 

Nous quittons tôt le matin cette ville pleine de vie et retrouvons la plénitude des collines palestiniennes. Notre 4e jour nous emmène jusqu’à kufr Malek.

Au loin sur les hauteurs des collines, nous apercevons les colonies israéliennes. Après un passage dans le village de Aqraba, nous nous arrêtons un peu plus loin à l’extérieur de la ville pour déjeuner. De là où nous sommes, nous distinguons au loin la mer morte, la Jordanie et le désert de Judée. C’est un magnifique panorama, tellement différent de ce que nous avons vécu et qui réveille des émotions si particulières à la randonnée : la surprise de voir un paysage majestueux et tellement différent de celui qui nous a précédé.  C’est comme si un nouveau voyage commençait.

Sur notre spot du déjeuner, plusieurs damans des rochers nous regardent manger, probablement avec envie. Aussi difficile que cela puisse paraître, ce petit animal est un cousin de l’éléphant.

Après cette pause, nous reprenons la marche en direction de Kufr Malek où nous dormirons dans une famille Palestinienne. Nous traversons plusieurs petits villages. Les habitants que nous croisons nous offrent le thé pendant que les enfants viennent nous voir en nous demandant de les prendre en photo. Le soir venu, un diner copieux et appétissant, préparé par notre famille d’accueil, nous attends. Nous sommes reçus comme des rois et après avoir passé la soirée avec eux, nous partons reposer nos jambes et nos esprits.  

 

Cette quatrième journée sera marquée par la visite du monastère Saint George, situé dans la vallée de Wadi Qelt, non loin de la ville de Jericho.

Par rapport au jour précédent, nous randonnons dans un paysage désertique avec des petites montagnes couleur or. Le soleil tape dans le dos mais la température est clémente. Après avoir traversée une route et quelques centaines de pas plus tard, apparaît peu à peu, en contre bas et dans un canyon creusé dans la montagne, le magnifique monastère de Saint George. Littéralement incrusté dans la roche de la montagne, ce dernier rend le paysage encore plus beau et mystique. Nous nous prenons presque pour Indiana Jones découvrant l’arche perdue malgré un groupe de Russe arrivant peu après nous et faisant leur prière. Je profite de chaque instant pour admirer cette vue et ce monastère perdu au milieu de nulle part. Celui-ci date du IXème siècle et est, aujourd’hui, tenu par des moines Orthodoxes.

Après en avoir fait la visite, nous partons pour le camp bédouin de Sea Level où nous dormirons cette nuit.

 

Nous arrivons au camp peu avant le coucher de soleil. Situé entre Jéricho et Jérusalem, Sea Level est un camp où une centaine de bédouins Palestiniennes vivent ici, très simplement. Le soir, nous nous retrouvons dans la tente principale avec une famille pour partager un repas. Le moment est convivial. Entre nourriture et dance locale, discussion autour d’un thé, vivre ce moment est un privilège. L’homme de la famille qui nous reçoit nous guidera demain jusqu’à Jebel El baba, village proche de Jérusalem.

 

Il s’agit pour nous de notre dernier jour de marche à travers le Nord de la Palestine. Ce sera pour moi l’un des plus beaux jours en termes de paysage. Nous traversons une partie du désert de Judée. La météo n’est pas au beau fixe avec beaucoup de vent et de pluie mais cela rajoute un coté dramatique au moment. En effet, nous nous rapprochons et longeons une des plus imposantes colonies Israélienne, avec pas moins de 45 000 habitants, nous montrant une des parties du conflit.

Cette terre est chargée d’histoire, encore à l’heure actuelle, et cette ambiance pimentée de cette météo menaçante procure un mélange d’émotion encore plus saisissant.

 

Ces 5 jours de randonnée sur le sentier d’Abraham à travers le Nord de la Palestine ont été une grande expérience à vivre. Une des plus grandes richesses de ce pays est sans nul doute l'accueil et la gentillesse des palestiniens.  Des enfants nous demandant de les prendre en photo, jusqu’aux personnes âgés contant leurs vie et anecdotes, en passant par les guides qui connaissent si bien leur pays ; nous avons été, là encore, bouleversés par leur incroyable hospitalité.

 

 

 

 

Interview réalisé le 10 février à Bethléem :

 

« Une des choses les plus importantes pour moi est de changer l’image de la Palestine »

Shorouk Manassra

 

Nous avons eu la chance d’être guidé pendant tout notre voyage par la seule femme guide de randonnée du pays. Formée par l’AFRAT, Shorouk Manassra a 23 ans et guide des groupes de point-voyages.

Rencontre avec cette jeune fille courageuse, aimante de son pays :

 

 

Guillaume Labergerie : Peux-tu te présenter rapidement ?

 

Shorouk Manassra : Je m’appelle Shorouk, j’ai 23 ans, j’habite à Beni Naïm, village situé à l’est d’Hébron. J’ai étudié la littérature anglaise et française à l’université d’Hébron. Je parle donc arabe, anglais et français. J’ai réussi, ensuite, le diplôme de guide de trekking toujours à l’université d’Hébron en coopération avec le sentier d’Abraham. Je travaille, aujourd’hui, comme guide de randonnée sur le sentier d’Abraham. 

 

 

GL : Tu es une des premières femmes à être guide en Palestine, pour quelles raisons fais-tu ce métier ?

SM :  Je ne l’ai pas choisi par hasard. J’ai décidé d’être guide de randonnée car c’est un métier plein de responsabilité et afin de représenter mon pays ainsi que de donner une réelle image de la Palestine.

 

GL : Quelle sont les difficultés que tu rencontres en pratiquant ce métier ?

SM : Pour les femmes, comme moi, c’est difficile d’être guide de randonnée car nous vivons dans une société masculine d’autant plus que je suis musulmane et que je porte le voile. Ce n’est pas facile d’accompagner les groupes (de voyage) à certains moments. Par exemple, lorsque nous allons visiter une église chrétienne, certaines personnes peuvent me regarder bizarrement. Le fait également d’être avec un groupe de personnes étrangères pendant 1 semaine ou 10 jours peut être mal vu.

 

GL : Que signifie être une femme en Palestine aujourd’hui ?

SM : Malgré le fait que nous vivons dans une société masculine, les femmes en Palestine jouent un grand rôle dans différents domaines. Ce sont les femmes qui s’occupent des enfants et elles ont beaucoup de responsabilité à la maison, mais elles étudient aussi à l’université et travaillent par la suite.

 

GL : Que représente le sentier D’Abraham pour toi ?

SM : J’adore le sentier d’Abraham, car sans celui-ci, je ne serai pas là où j’en suis. Le sentier d’Abraham m’a donné l’occasion de découvrir mon pays. Chaque jour, quand je marche sur le sentier, j’apprends et je découvre beaucoup de choses. Cela me fait de plus en plus aimer mon pays. Je suis vraiment très reconnaissante du sentier d’Abraham.

 

GL : Comment vois-tu l’avenir en Palestine ?

SM : La paix pour les palestiniens !

J’espère que les gens changeront leur vision sur la Palestine et que le conflit s’arrange. Nous sommes un pays qui aime la vie. Une des choses les plus importantes pour moi est de changer l’image de la Palestine. J’espère que beaucoup de touristes viendrons ici pour se rendre compte de la vie quotidienne des Palestiniens. Nous sommes aussi un peuple éduqué et très accueillant.

 

GL : Quelles sont tes rêves personnels ?

SM : J’espère connaître mon pays sous une autre situation. J’aimerai mieux parler le français et l’anglais pour communiquer avec des personnes d’autres horizons et d’autres cultures. Je souhaiterais aussi voyager à l’étranger pour développer mon ouverture d’esprit. Lorsque je rencontre des gens de nationalités différentes, mon esprit s’enrichît. Je souhaiterai visiter l’Italie, la France et la Turquie… mais j’aime aussi beaucoup mon pays.

 

 

 

 

Guillaume Labergerie

C'est une parenthèse hors du temps proposée par l'agence Point-Voyages, une escapade dans notre vie permettant de mieux comprendre et cerner le conflit israélo-palestinien. Mais c’est aussi la découverte d’un peuple, quelque fois fatigué et résigné par la situation, mais d’un accueil certain.

 

Outre le tourisme religieux qui existe depuis très longtemps, attirant plus de 2 millions de personnes à Bethléem chaque année, le voyage d'aventure fait son apparition en 2016. Kévin Girard, dirigeant de point-voyages, prit le pari de proposer cette destination et d'y proposer une aventure très complète mêlant trekking, histoire, culture et géopolitique.

Cette destination fut possible grâce au travail colossal de l’AFRAT, organisme basé à Autrans, et TETRAKTYS, basé à Grenoble. Ce sont deux ONG proposant une aide au développement touristique et économique en France et à l’internationale. Grâce à ces trois entités, le sentier d’Abraham est né.

 

 

Le sentier d’Abraham, qu’est-ce que c’est ?

 

Grand gagnant de la première édition des treks de l’année organisée par Trek magazine en 2018, le sentier d’Abraham est un chemin de randonnée parcourant toute la Palestine du nord au sud et dévoilant ses plus grandes richesses.

Entre champs d'oliviers, collines hautes de 900 m d’altitude, paysages désertiques, monastères perdus en plein milieu de canyon, et vues sur les montagnes jordaniennes et de la mer morte ; la Palestine nous offre une magnifique diversité.

Son histoire très ancienne, ses villes millénaires et sa place centrale dans le monde, notamment religieuses, rajoutent à ce voyage une dimension supplémentaire du simple trekking.

 

C’est dans cette diversité que nous allons randonner une partie du sentier sur le nord du pays. Au départ de Sanur, notre première étape ralliant Sebastia est l’une des plus dures du sentier. En effet, deux monts sont à gravir sur une distance de 15,5 km et environ 700 mètres de dénivelé : Les monts Bayzeed et Hureish.

Les paysages sont méditerranéens, nous serpentons le sentier à travers les très nombreux oliviers. Nous y croisons un troupeau de chèvres avec trois bergers et leurs ânes. Nous nous arrêtons pour les saluer et après avoir fait rapidement connaissance, un des bergers nous surprend par un concert de flûte privée sur la montée du mont Bayzeed ; Un moment magique.

Les deux points culminants de cette journée sont en réalité deux lieux Saint en ruine où certains pèlerins viennent pour s’y recueillir et prier.

En fin de journée et agrémenté d’un très beau coucher de soleil, nous entrons dans le village historique de Sebastia. Nous sommes très bien reçu dans la Al-Kayed Palace guesthouse avec un excellent diner palestinien.

Ce palace Ottoman a été construit au XIXe siècle et surplombe les Milliers d’année d’histoire de Sebastia. En effet, ce village Palestinien possède de nombreux lieux très anciens et historiques.

Au centre de la ville, la mosquée Nabi Yehia, est assez bien conservée. C’est une ancienne cathédrale dédiée à Sait Jean Baptise construite par les croisées en 1165. On y retrouve un musée avec notamment des objets datant de l’époque byzantine et des croisées.

 

Après avoir visité cette mosquée le lendemain matin, nous explorons les ruines du temple d’Hérode, d’un stade romain, d’un théâtre et d’un marché où des restes de hautes colonnes sont encore conservés. Après s’être plongé dans une très ancienne époque, nous reprenons la route du sentier en direction de la célèbre ville de Naplouse. Pour ce deuxième jour, nous traversons plusieurs collines en croisant, là encore, quelques bergers accompagnés de leurs moutons et chèvres. Nous approchons alors près d’une ruine en haut d’une colline. Il s’agit du Sanctuaire Cheikh Sho’leh. Après avoir monté un petit escalier, nous admirons la vue sur les villages et collines alentours.

L’étape du jour se termine en fin d’après-midi à Naplouse. Le temps de déposer nos sacs dans notre hôtel du soir, nous repartons ensuite pour découvrir cette ville. AU programme du soir :  balade dans les petites ruelles du souk, dégustation du fameux knafeh Palestinien et visite d’une fabrique de savon. Cette ville millénaire est chargée d’histoire. Fondé en l’an 72 par les romains, elle est notamment une ville importante du royaume de Jérusalem lors de l’époque des Croisés. Elle passe aussi de mains en main entre les byzantins, les arabes, les ottomans, les britanniques et les Jordaniens. Ces presque 2 000 ans d’histoire, nous les retrouvons dans l’architecture des bâtiments de la vieille ville.

 

Nous quittons tôt le matin cette ville pleine de vie et retrouvons la plénitude des collines palestiniennes. Notre 4e jour nous emmène jusqu’à kufr Malek.

Au loin sur les hauteurs des collines, nous apercevons les colonies israéliennes. Après un passage dans le village de Aqraba, nous nous arrêtons un peu plus loin à l’extérieur de la ville pour déjeuner. De là où nous sommes, nous distinguons au loin la mer morte, la Jordanie et le désert de Judée. C’est un magnifique panorama, tellement différent de ce que nous avons vécu et qui réveille des émotions si particulières à la randonnée : la surprise de voir un paysage majestueux et tellement différent de celui qui nous a précédé.  C’est comme si un nouveau voyage commençait.

Sur notre spot du déjeuner, plusieurs damans des rochers nous regardent manger, probablement avec envie. Aussi difficile que cela puisse paraître, ce petit animal est un cousin de l’éléphant.

Après cette pause, nous reprenons la marche en direction de Kufr Malek où nous dormirons dans une famille Palestinienne. Nous traversons plusieurs petits villages. Les habitants que nous croisons nous offrent le thé pendant que les enfants viennent nous voir en nous demandant de les prendre en photo. Le soir venu, un diner copieux et appétissant, préparé par notre famille d’accueil, nous attends. Nous sommes reçus comme des rois et après avoir passé la soirée avec eux, nous partons reposer nos jambes et nos esprits.  

 

Cette quatrième journée sera marquée par la visite du monastère Saint George, situé dans la vallée de Wadi Qelt, non loin de la ville de Jericho.

Par rapport au jour précédent, nous randonnons dans un paysage désertique avec des petites montagnes couleur or. Le soleil tape dans le dos mais la température est clémente. Après avoir traversée une route et quelques centaines de pas plus tard, apparaît peu à peu, en contre bas et dans un canyon creusé dans la montagne, le magnifique monastère de Saint George. Littéralement incrusté dans la roche de la montagne, ce dernier rend le paysage encore plus beau et mystique. Nous nous prenons presque pour Indiana Jones découvrant l’arche perdue malgré un groupe de Russe arrivant peu après nous et faisant leur prière. Je profite de chaque instant pour admirer cette vue et ce monastère perdu au milieu de nulle part. Celui-ci date du IXème siècle et est, aujourd’hui, tenu par des moines Orthodoxes.

Après en avoir fait la visite, nous partons pour le camp bédouin de Sea Level où nous dormirons cette nuit.

 

Nous arrivons au camp peu avant le coucher de soleil. Situé entre Jéricho et Jérusalem, Sea Level est un camp où une centaine de bédouins Palestiniennes vivent ici, très simplement. Le soir, nous nous retrouvons dans la tente principale avec une famille pour partager un repas. Le moment est convivial. Entre nourriture et dance locale, discussion autour d’un thé, vivre ce moment est un privilège. L’homme de la famille qui nous reçoit nous guidera demain jusqu’à Jebel El baba, village proche de Jérusalem.

 

Il s’agit pour nous de notre dernier jour de marche à travers le Nord de la Palestine. Ce sera pour moi l’un des plus beaux jours en termes de paysage. Nous traversons une partie du désert de Judée. La météo n’est pas au beau fixe avec beaucoup de vent et de pluie mais cela rajoute un coté dramatique au moment. En effet, nous nous rapprochons et longeons une des plus imposantes colonies Israélienne, avec pas moins de 45 000 habitants, nous montrant une des parties du conflit.

Cette terre est chargée d’histoire, encore à l’heure actuelle, et cette ambiance pimentée de cette météo menaçante procure un mélange d’émotion encore plus saisissant.

 

Ces 5 jours de randonnée sur le sentier d’Abraham à travers le Nord de la Palestine ont été une grande expérience à vivre. Une des plus grandes richesses de ce pays est sans nul doute l'accueil et la gentillesse des palestiniens.  Des enfants nous demandant de les prendre en photo, jusqu’aux personnes âgés contant leurs vie et anecdotes, en passant par les guides qui connaissent si bien leur pays ; nous avons été, là encore, bouleversés par leur incroyable hospitalité.

 

 

 

 

Interview réalisé le 10 février à Bethléem :

 

« Une des choses les plus importantes pour moi est de changer l’image de la Palestine »

Shorouk Manassra

 

Nous avons eu la chance d’être guidé pendant tout notre voyage par la seule femme guide de randonnée du pays. Formée par l’AFRAT, Shorouk Manassra a 23 ans et guide des groupes de point-voyages.

Rencontre avec cette jeune fille courageuse, aimante de son pays :

 

 

Guillaume Labergerie : Peux-tu te présenter rapidement ?

 

Shorouk Manassra : Je m’appelle Shorouk, j’ai 23 ans, j’habite à Beni Naïm, village situé à l’est d’Hébron. J’ai étudié la littérature anglaise et française à l’université d’Hébron. Je parle donc arabe, anglais et français. J’ai réussi, ensuite, le diplôme de guide de trekking toujours à l’université d’Hébron en coopération avec le sentier d’Abraham. Je travaille, aujourd’hui, comme guide de randonnée sur le sentier d’Abraham. 

 

 

GL : Tu es une des premières femmes à être guide en Palestine, pour quelles raisons fais-tu ce métier ?

SM :  Je ne l’ai pas choisi par hasard. J’ai décidé d’être guide de randonnée car c’est un métier plein de responsabilité et afin de représenter mon pays ainsi que de donner une réelle image de la Palestine.

 

GL : Quelle sont les difficultés que tu rencontres en pratiquant ce métier ?

SM : Pour les femmes, comme moi, c’est difficile d’être guide de randonnée car nous vivons dans une société masculine d’autant plus que je suis musulmane et que je porte le voile. Ce n’est pas facile d’accompagner les groupes (de voyage) à certains moments. Par exemple, lorsque nous allons visiter une église chrétienne, certaines personnes peuvent me regarder bizarrement. Le fait également d’être avec un groupe de personnes étrangères pendant 1 semaine ou 10 jours peut être mal vu.

 

GL : Que signifie être une femme en Palestine aujourd’hui ?

SM : Malgré le fait que nous vivons dans une société masculine, les femmes en Palestine jouent un grand rôle dans différents domaines. Ce sont les femmes qui s’occupent des enfants et elles ont beaucoup de responsabilité à la maison, mais elles étudient aussi à l’université et travaillent par la suite.

 

GL : Que représente le sentier D’Abraham pour toi ?

SM : J’adore le sentier d’Abraham, car sans celui-ci, je ne serai pas là où j’en suis. Le sentier d’Abraham m’a donné l’occasion de découvrir mon pays. Chaque jour, quand je marche sur le sentier, j’apprends et je découvre beaucoup de choses. Cela me fait de plus en plus aimer mon pays. Je suis vraiment très reconnaissante du sentier d’Abraham.

 

GL : Comment vois-tu l’avenir en Palestine ?

SM : La paix pour les palestiniens !

J’espère que les gens changeront leur vision sur la Palestine et que le conflit s’arrange. Nous sommes un pays qui aime la vie. Une des choses les plus importantes pour moi est de changer l’image de la Palestine. J’espère que beaucoup de touristes viendrons ici pour se rendre compte de la vie quotidienne des Palestiniens. Nous sommes aussi un peuple éduqué et très accueillant.

 

GL : Quelles sont tes rêves personnels ?

SM : J’espère connaître mon pays sous une autre situation. J’aimerai mieux parler le français et l’anglais pour communiquer avec des personnes d’autres horizons et d’autres cultures. Je souhaiterais aussi voyager à l’étranger pour développer mon ouverture d’esprit. Lorsque je rencontre des gens de nationalités différentes, mon esprit s’enrichît. Je souhaiterai visiter l’Italie, la France et la Turquie… mais j’aime aussi beaucoup mon pays.

 

 

 

 

Guillaume Labergerie

Instagram : @gui_lab_

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